La récidive d'alcool au volant représente une situation particulièrement grave dans le droit routier français. Elle entraîne un durcissement significatif des sanctions pénales et administratives par rapport à une première infraction. Les autorités judiciaires et administratives considèrent la répétition de ce comportement dangereux comme particulièrement répréhensible, justifiant ainsi une réponse pénale renforcée.
Le législateur a en effet prévu un arsenal juridique spécifique face à ces infractions répétées, allant de peines d'emprisonnement alourdies à l'annulation automatique du permis de conduire.
L'état de récidive en matière d'alcool au volant répond à des critères précis définis par le Code pénal et le Code de la route. Cette qualification juridique entraîne des conséquences importantes sur les sanctions appliquées.
Pour qu'un conducteur soit considéré en état de récidive légale pour conduite sous l'empire d'un état alcoolique, trois conditions doivent être réunies simultanément :
La notion de condamnation définitive est capitale : il s'agit d'une décision contre laquelle aucun recours n'est plus possible, soit parce que les délais d'appel sont expirés, soit parce que tous les recours ont été épuisés.
Le calcul de ce délai de 5 ans peut s'avérer complexe car son point de départ varie selon la nature de la première condamnation :
Exemple concret : Un conducteur condamné en janvier 2020 à 3 mois d'emprisonnement avec sursis pour alcool au volant pourra être considéré en état de récidive jusqu'en janvier 2030 (5 ans de délai d'épreuve + 5 ans de délai de récidive).
Un conducteur cesse d'être en état de récidive dans les cas suivants :
Il est important de noter que la récidive est spécifique à des infractions de même nature. Ainsi :
Les forces de l'ordre et les magistrats vérifient systématiquement l'état de récidive à travers :
Cette vérification rigoureuse permet d'appliquer correctement le régime de la récidive et les sanctions associées.
La récidive d'alcool au volant entraîne un durcissement considérable des sanctions, tant sur le plan pénal qu'administratif. Le législateur a prévu un dispositif répressif renforcé pour dissuader les comportements récidivistes.
Conformément à l'article 132-10 du Code pénal, la récidive entraîne automatiquement un doublement des peines principales encourues :
Sanctions |
Première infraction |
En cas de récidive |
Emprisonnement |
2 ans maximum |
4 ans maximum |
Amende |
4 500 € maximum |
9 000 € maximum |
Ces peines maximales représentent un plafond que le juge peut moduler en fonction des circonstances de l'infraction et de la personnalité du prévenu.
L'article L234-13 du Code de la route impose l'annulation automatique du permis de conduire en cas de récidive d'alcool au volant. Cette annulation est prononcée "de plein droit", ce qui signifie que le tribunal n'a pas de pouvoir d'appréciation sur ce point.
L'annulation s'accompagne d'une interdiction de solliciter un nouveau permis pendant une durée pouvant aller jusqu'à 3 ans. Cette période d'interdiction est fixée par le tribunal en fonction de la gravité des faits. Contrairement à une suspension, une annulation implique de devoir repasser son permis de conduire.
La récidive entraîne également la confiscation obligatoire du véhicule ayant servi à commettre l'infraction, à moins que le tribunal n'en décide autrement par une décision spécialement motivée (article L234-12 du Code de la route).
Cette sanction s'applique même si le conducteur n'est pas propriétaire du véhicule, sauf si le propriétaire était de bonne foi et ignorait l'utilisation de son véhicule dans des conditions illégales.
Autres peines complémentaires
En plus des sanctions principales, le tribunal peut prononcer diverses peines complémentaires :
Installation obligatoire d’un éthylotest anti-démarrage (EAD)
Depuis la loi d’orientation des mobilités et les décrets d’application successifs entrés en vigueur à partir de 2019, l’installation d’un éthylotest anti-démarrage (EAD) est devenue une mesure judiciaire ou administrative de plus en plus utilisée en matière d’alcool au volant, notamment en cas de récidive.
En cas de récidive, le juge peut imposer l’EAD en peine complémentaire, ou le préfet peut proposer l’EAD comme alternative à la suspension du permis. Cette option est particulièrement privilégiée pour les conducteurs professionnels (chauffeurs routiers, livreurs, artisans, etc.) afin de ne pas compromettre leur activité professionnelle tout en assurant la sécurité routière.
L’appareil est installé à la charge du conducteur sur tous les véhicules qu’il utilise. Il empêche le démarrage du véhicule si le taux d’alcool détecté dans l’air expiré dépasse le seuil autorisé (généralement fixé à 0,10 mg/l d’air expiré).
Durée maximale d’imposition de l’EAD :
Cette mesure tend à se généraliser dans les contentieux liés à l’alcool au volant et s’inscrit dans une logique de prévention active, en complément des sanctions plus classiques (suspension, annulation, amendes).
Mesures administratives préalables
Avant même le jugement, des mesures administratives sont prises :
Impact sur le casier judiciaire et l'assurance
La condamnation pour récidive d'alcool au volant est inscrite :
Cette inscription a des conséquences importantes sur l'assurance automobile :
Comparaison avec l'alcoolémie contraventionnelle
Pour mieux comprendre la sévérité du régime de la récidive, il est utile de comparer ces sanctions avec celles prévues pour une simple contravention d'alcoolémie (taux compris entre 0,5 et 0,79 g/l de sang) :
Type d'infraction |
Sanction maximale |
Points retirés |
Suspension de permis |
Contravention (première fois) |
750 € d'amende |
6 points |
Jusqu'à 3 ans (rare) |
Délit en récidive |
9 000 € + 4 ans de prison |
Annulation |
Annulation automatique |
Cette comparaison illustre clairement la volonté du législateur de sanctionner très sévèrement les comportements récidivistes.
Face à la récidive d'alcool au volant, la législation française démontre une sévérité à la hauteur des risques engendrés. L'arsenal juridique déployé - doublement des peines d'emprisonnement et d'amende, annulation automatique du permis, confiscation du véhicule - témoigne de la volonté ferme du législateur de protéger les usagers de la route contre ces comportements particulièrement dangereux.
Ces sanctions renforcées visent non seulement à punir mais aussi à prévenir la réitération de ces infractions. Pour tout conducteur, comprendre ce dispositif répressif est essentiel, car les conséquences d'une récidive d'alcool au volant peuvent bouleverser durablement sa vie personnelle et professionnelle. La vigilance et la responsabilité restent donc les meilleures alliées pour éviter de telles situations aux répercussions considérables.